

Congo
Synthèse
principaux Indicateurs économiques
2020 | 2021 | 2022 (e) | 2023 (p) | |
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Croissance PIB (%) | -8,1 | -0,2 | 2,5 | 4,0 |
Inflation (moyenne annuelle, %) | 1,8 | 2,0 | 3,0 | 4,0 |
Solde public / PIB (%) | -0,7 | 1,7 | 8,2 | 6,0 |
Solde courant / PIB (%) | -0,1 | 12,6 | 17,2 | 8,8 |
Dette publique / PIB (%) | 114,0 | 103,6 | 84,4 | 78,9 |
(e) : Estimation (p) : Prévision *hors dettes des sociétés publiques et celles non garanties de la SNPC
POINTS FORTS
- Ressources naturelles abondantes (pétrole, gaz, minerai de fer, bois, potasse) et potentiel agricole
- Position stratégique en Afrique centrale
POINTS FAIBLES
- Dette élevée
- Dépendance au pétrole (50% du PIB)
- Régime autoritaire et politiques inefficaces avec risques liés à la succession
- Extrême pauvreté généralisée en parallèle d’un système extractif corrompu
- Sous-investissement dans le transport, la santé et l’éducation
Appréciation du risque
Une reprise modérée soutenue par les hydrocarbures
Après sept années consécutives (2015-2021) de contraction de l’économie déclenchée par l’effondrement des cours du pétrole en 2014-2016, la remontée des prix de l’or noir incite à une hausse de la production et des investissements dans les hydrocarbures. Alors que le pays raffinait seulement 10% de sa production en 2020, une deuxième raffinerie, financée par la société chinoise Beijing Fortune Dingheng, devrait ouvrir en 2023 près de la capitale économique côtière. L’entreprise d’hydrocarbure italienne Eni a mis en service de nouveaux puits de pétrole en 2022, lancé des explorations et construit des terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL), qui devraient permettre aux exportations d’atteindre 4,5 milliards de mètres cubes en 2024-25. Ces projets devraient concourir à une relative diversification dans la filière. A court terme, la croissance est toutefois limitée par un manque de dynamisme des autres secteurs, particulièrement de l’industrie et ce malgré une forte dotation en ressources naturelles. Quelques investissements de diversification affluent vers les zones économiques spéciales (Brazzaville, Ignié, Ouesso, Oyo, Pointe-Noire). Un mémorandum d’entente public-privé avec l’aménageur Arise IIP a été signé en juin 2022. Le partenaire devrait apporter 150 millions d’euros dans un port minéralier et la transformation du bois à Pointe-Noire. Déjà pourvus d’un faible niveau de vie (51% d’extrême pauvreté en 2021), les ménages ne devraient pas récupérer en 2023 le pouvoir d’achat perdu avec l’inflation, nourrie par les imports alimentaires (80% des besoins) et peu compensée par un essor pétrolier pauvre en emploi. Contrainte par le surendettement, la consommation publique, réduite massivement ces dernières années, ne devrait pas sensiblement rebondir, alors que des carences aiguës persistent en matière d’infrastructures de santé, d’éducation et de transport.
Un répit financier mais une dette élevée cible des efforts budgétaires
En proie à des difficultés liées à l’endettement, le pays profite de la conjoncture favorable générée par les prix plus élevés de l’or noir afin de rétablir ses finances publiques et la confiance des créanciers. Représentant plus de deux tiers des recettes, dans le budget, les redevances pétrolières contribuent donc largement à cette amélioration. Après un échec en 2021, les autorités du pays se sont entendus avec le FMI en janvier 2022 sur une facilité élargie de crédit pour un montant de 455 millions USD. Le programme du FMI accompagne un programme d’assainissement budgétaire (suppression des exemptions fiscales pour les pétroliers), d’efficacité de la dépense (baisse des subventions aux entreprises d’Etat, modération de la masse salariale publique) et de lutte anti-corruption (loi de mars 2022). A terme, ces réformes visent à une de redistribution de la rente pétrolière, et une réduction des dépenses de fonctionnement. Les réformes, approuvées par le FMI, visant à améliorer la transparence sur le financement public (arriérés domestiques, emprunts chinois, contrats pétroliers). De plus, le FMI encourage les autorités à une plus grande transparence des finances publiques (arriérés domestiques, emprunts auprès de la Chine, contrats pétroliers). Le déblocage des négociations pour un nouveau programme a été facilité par une seconde restructuration des prêts consentis par la Chine en juin 2021. Même si l’endettement public devrait continuer à désenfler, il reste élevé et maintient le pays en position de surendettement.
En continuant à suivre les cours énergétiques, l’excédent courant devrait demeurer largement positif en 2023. Principale explication : l’excédent de la balance des échanges de biens (45% du PIB), composés essentiellement du pétrole et du cuivre. Des nuages s’accumulant sur l’économie mondiale en 2023, il reculera toutefois légèrement avec la détérioration des termes de l’échange relative à 2022, certes atténué en volume par le début de l’exportation du gaz. Les services liés à l’exploitation pétrolière et les rapatriements des revenus des investissements étrangers maintiendront des déficits du solde des services et des revenus primaires à la hausse depuis 2021. Le solde des transferts, qu’il s’agisse d’aide publique ou de remises d’expatriés, influera marginalement sur le compte courant.
Un président à la manœuvre pour renouveler ses appuis extérieurs
A la tête de l’Etat depuis 1979, à l’exception d’un hiatus entre 1992 et 1997, Denis Sassou Nguesso a de nouveau remporté l’élection présidentielle en mars 2021, obtenant plus de 88 % des voix. Son parti, le Parti congolais du travail (PCT), a conforté sa majorité face à une opposition marginalisée à l’occasion des élections législatives de juillet 2022. La famille du dirigeant est ciblée pour des détournements de fonds publics issus de la rente pétrolière (Panama Papers en 2016, saisies de biens en France en 2022). Le décalage entre la richesse du territoire en ressources et le niveau de vie de la population (53% d’extrême pauvreté en 2021) amène des critiques sur l’opacité des contrats avec les majors. Chargé de la présidence de l’OPEP en 2022 (et membre depuis 2018), le 3ème exportateur de pétrole d’Afrique subsaharienne s’émancipe du dialogue avec les Etats occidentaux. Adoptant une position neutre aux Nations Unies face à la guerre en Ukraine, Brazzaville maintient une certaine proximité avec Moscou. Le ministre russe des affaires étrangères Sergueï Lavrov a ainsi effectué une visite du pays en juillet 2022. Plusieurs accords de coopération ont également été signé entre les deux pays en septembre, tandis que les discussions de mise en œuvre du projet de construction d’un oléoduc Pointe-Noire - Ignié par une société russe se poursuivent. En outre, la Chine continue de s’imposer comme principal créancier (16% de la dette en 2022) et débouché pétrolier. La France reste un partenaire économique privilégié, malgré les enquêtes judiciaires françaises en cours, liées aux biens mal acquis et visant des proches du président..
Dernière mise à jour : Avril 2023