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Suisse : île de stabilité ou exposée à la tempête économique ?

Coface publie sa mise à jour quadrimestrielle des risques pays et sectoriels. Verdict : les perspectives économiques mondiales se détériorent, avec le déclassement de 4 pays et 23 secteurs. Pour les PME suisses tournées vers l’export, la pression monte.

Dans un monde secoué par les tensions géopolitiques, l’instabilité monétaire et la montée du protectionnisme, les repères traditionnels s’effacent. Pour les CEO et CFO de PME suisses, comprendre les nouvelles dynamiques de risque n’est plus un avantage stratégique, mais une nécessité vitale.

 

Eaux troubles : décryptage des risques économiques en Suisse

Les décisions du président américain Donald Trump sur les droits de douane et l’instabilité croissante au Moyen-Orient bouleversent les flux commerciaux. Même les suspensions temporaires n’effacent pas l’effet durable de ces mesures : les échanges ralentissent, et les niveaux de risque augmentent.

En Suisse, les PME exportatrices – notamment dans la métallurgie et les composants automobiles – doivent se réorganiser face à une nouvelle normalité : celle de l’instabilité.

L’essentiel en bref :

  • L’économie mondiale perd de sa vitesse – et les industries suisses orientées vers l’export doivent s’attendre à des turbulences.
  • Les défaillances d’entreprises augmentent à l’échelle mondiale – de l’Asie à l’Amérique du Nord – et l’économie suisse, dépendante des chaînes d’approvisionnement, lance des signaux d’alerte.
  • Les gains ponctuels en Chine et en Inde masquent des fragilités plus profondes, avec une demande en ralentissement et des subventions qui s’estompent, menaçant la croissance à long terme.
  • En Suisse, deux secteurs clés — métallurgie et automobile — sont passés du « risque élevé » au « risque très élevé », témoignant des défis et incertitudes croissants.

 

L’économie mondiale ralentit, la Suisse en première ligne

L’économie mondiale marque le pas. Les grandes puissances revoient leurs prévisions de croissance à la baisse : 2,2 % en 2025, 2,3 % en 2026. Mais si les tensions politiques s’intensifient, la croissance mondiale pourrait passer sous les 2 %.

L’inflation reste instable : jusqu’à 4 % aux États-Unis d’ici fin 2025, notamment à cause de la flambée énergétique. La Fed pourrait abaisser ses taux à l’automne, mais uniquement si l’inflation reste sous contrôle. De son côté, la Banque centrale européenne poursuit la réduction de ses taux, tout en se rapprochant de son taux plancher.

En Suisse, cette incertitude mondiale se fait particulièrement sentir. La force du franc protège le pouvoir d’achat, mais fragilise les marges des exportateurs, déjà exposés aux incertitudes internationales.

 

Faillites en hausse : un signal fort pour la conjoncture

À mi-2025, le nombre de faillites continue de grimper. Près de 80 % des économies avancées ont enregistré une hausse des faillites par rapport à 2024. Dans de nombreux cas, les niveaux dépassent ceux de 2019.

  • En Asie-Pacifique, région la plus touchée, le bâtiment et l’immobilier souffrent, surtout au Japon et en Australie.
  • En Europe, malgré quelques signes de stabilisation, les défaillances d'entreprises restent supérieures de 25 % à l’avant-Covid.
  • En Amérique du Nord, la situation est contrastée : le Canada souffle après une année 2024 difficile, les États-Unis affichent +4 % au 1er trimestre 2025, sous l’effet des taux longs élevés et des droits de douane.

Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont fragilisées, ce qui impacte directement les PME suisses.

 

Marchés émergents : croissance instable, marges sous pression

Chine : sursis temporaire

Grâce à une suspension provisoire des droits de douane, les exportations repartent, et la croissance attendue atteint 4,5 % en 2025. Mais la crise immobilière, le retrait des subventions et la fin annoncée des suspensions tarifaires en août menacent cet élan.

Inde : croissance forte mais peu durable

Tirée par les dépenses publiques, la croissance indienne dépasse 7 %. Toutefois, le ralentissement de la consommation urbaine et le manque d’investissement privé rendent ce rythme fragile. À terme, le pays dépendra largement de sa consommation intérieure.

 

Économie suisse : les secteurs sous pression maximale

Métallurgie : de résiliente à vulnérable

Avec 600 millions de tonnes de surcapacités d’acier en 2024 (soit 25 % de la production mondiale), les prix chutent et les marges fondent. Cette crise structurelle est aggravée par un contexte macroéconomique défavorable, des tensions sur l’énergie, et des droits de douane renforcés, notamment au Canada, au Mexique et en Europe.

Le secteur suisse passe de « risque élevé » à « très élevé », pénalisé par :

  • Les droits de douane américains sur l’acier (+50 %),
  • La chute de la demande allemande,
  • Des capacités à l’arrêt, un recours au chômage partiel, et des carnets de commande vides.

Même les sous-secteurs historiquement résilients comme la transformation métallique ralentissent. La construction de machines résiste encore, mais s’essouffle.

Automobile : dépendance à l’export et fragilité croissante

Bien que la Suisse ne fabrique pas de voitures, ses équipementiers sont des maillons clés de la chaîne mondiale, notamment avec l’Allemagne et les États-Unis, qui imposent 25 % de droits de douane sur les pièces détachées.

Résultat : le secteur bascule lui aussi en « risque très élevé ».

Après un hiver 2024 relativement stable, le secteur a connu un brutal retournement au printemps. L’indicateur KOF est dans le rouge depuis janvier, révélant une chute des commandes, des craintes de licenciements et une baisse marquée de la production. Les nouvelles immatriculations sont en recul, et la fabrication d’équipements de transport est en chute libre.

Les défaillances d’entreprises dans l’automobile ont bondi de 34 % en 2024 (contre 15 % pour l’économie globale). Au 1er trimestre 2025, la tendance se poursuit avec +13 % d’insolvabilités supplémentaires, malgré une stabilisation ailleurs.

 

La Suisse peut-elle résister à la tempête économique mondiale ?

Le mythe d’une Suisse à l’abri des secousses internationales s’effrite. Coface classe désormais plusieurs secteurs clés en “risque très élevé”, en lien avec une hausse généralisée des faillites et des tensions commerciales accrues.

Les PME suisses, en particulier celles exposées à l’export, doivent :

 

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