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L’économie italienne en proie à un ralentissement prolongé

Entre faible productivité, croissance atone et capacité budgétaire contrainte, le profil de risque de l’Italie, quatrième partenaire commercial de la Suisse, reste relativement élevé. Coface évalue le risque pays à “B”, ce qui reflète la probabilité d'une augmentation des défauts de paiement sur les créances à l'exportation. Les entreprises suisses ont donc tout intérêt à se prémunir contre d'éventuelles pertes.

Un 2ème trimestre 2025 en recul

L’ Istat (institut italien de statistique) confirme une baisse de 0,1 % du PIB au deuxième trimestre 2025, première depuis deux ans, après une hausse de +0,3 %  en début d’année.

Ce recul n’est pourtant pas une surprise : les investissements faiblissent et d’autres moteurs de croissance montrent des signes de faiblesse depuis un certain temps.

En effet, le déficit commercial pèse lourdement sur l’économie italienne. La demande nette s’effondre sous l’effet d’un contexte mondial défavorable. Après deux années de croissance soutenue post-COVID, les exportations de biens italiens stagnent, voire reculent.

Cette situation s’explique en grande partie par la faiblesse des ses partenaires stratégiques, fragilisés par la crise énergétique et les tensions internationales. Deuxième marché d’exportation de l’Italie avec 11 % des ventes, les États-Unis jouent un rôle déterminant : leurs choix en matière de politique commerciale se répercutent immédiatement sur l’Italie.

Au premier trimestre 2025, la situation restait favorable : les exportations de biens ont progressé de 1,8 % et celles de services de 3,4 %. Le deuxième trimestre a montré un tout autre visage : les exportations de biens ont reculé de 2,2 %, tandis que les exportations de services ont stagné.

Ce recul est lié à plusieurs facteurs. D’une part, les importateurs américains ont anticipé leurs commandes au premier trimestre pour contourner de possibles droits de douane, en particulier dans le secteur pharmaceutique. D’autre part, les statistiques du transport avaient été fortement influencées par la livraison de grands navires de croisière; un effet ponctuel qui n’a pas joué au deuxième trimestre.

À cela s’ajoutent des tensions commerciales persistantes et des incertitudes géopolitiques. Leur effet se propage comme des dominos. Même des partenaires comme l’Allemagne et la France en ressentent l’impact, ce qui réduit la demande étrangère adressée à l’Italie.

 

Le plan de relance européen donne un coup d’accélérateur

Les investissements fixes bruts (IFB) ont perdu de leur dynamisme en 2024. Auparavant, ils avaient porté plus de la moitié de la croissance post-COVID, surtout grâce au Superbonus. L’Italie continue néanmoins de bénéficier largement des aides européennes du programme NextGenerationEU (NGEU).

Sur la période 2021–2026, l’Italie dispose d’environ 72 milliards d’euros de subventions et 123 milliards d’euros de prêts, ce qui équivaut à 11 % du PIB de 2019. Elle devient ainsi le premier bénéficiaire du programme en termes absolus.

Cependant, au début de cette année, à peine la moitié des fonds déjà versés avaient réellement été dépensés. Cela laisse penser que la mise en œuvre devrait nettement s’accélérer l’an prochain, à mesure que l’échéance d’utilisation des fonds se rapproche.

 

Affaiblissement du pouvoir d’achat et stagnation de la consommation des ménages

La consommation des ménages italiens est bloquée depuis plus d’un an, avec une hausse de seulement 0,8 % par rapport au niveau pré-crise. La reprise espérée se fait toujours attendre.

C’est la consséquence de la faible confiance des consommateurs et d’un pouvoir d’achat stagnant (conséquences de la guerre en Ukraine). Bien que l’inflation soit stable depuis près de deux ans, le revenu disponible réel des Italiens n’est guère supérieur à celui de 2019.

L’Italie a été particulièrement touchée par l’inflation en 2022 et 2023. Dans le même temps, les salaires ont augmenté plus lentement que dans de nombreux autres pays européens, entraînant une baisse du pouvoir d’achat réel.

Les conventions collectives à long terme constituent un défi structurel. Elles durent généralement trois ans et les renégociations peuvent s’étendre sur plus d’un an après leur expiration. Les salaires ont ainsi pris du retard face à l’inflation, maintenant le pouvoir d’achat des ménages quasi inchangé.

 

Taux d’emploi historiquement élevé, mais toujours l’un des plus bas de la zone euro

Le marché du travail italien évolue positivement. L’emploi augmente et le chômage diminue. En juillet, le taux de chômage était de 6 %, son niveau le plus bas depuis 2007. Parallèlement, le taux d’emploi a atteint un record historique de 62,8 %.

Au niveau européen, l’Italie reste toutefois à la traîne. La moyenne de la zone euro est d’environ 71 %, ce qui place toujours l’Italie parmi les pays ayant les taux d’emploi les plus faibles.

La croissance de l’emploi est principalement portée par davantage de postes permanents, une meilleure qualité de l’environnement de travail et une plus forte participation des travailleurs les plus âgés. Chez les jeunes, le rythme ralentit. Les raisons incluent le vieillissement démographique, les mesures gouvernementales comme le décret de cohésion 2024 et les réformes des retraites antérieures qui ont limité les départs anticipés.

Malgré la reprise de l’emploi, la consommation des ménages n’a pas suivi, notamment parce qu’elle s’est inscrite dans une période de faible croissance économique. Les pertes de productivité ont été notables, les nouvelles créations d’emplois se concentrant dans des industries à faible productivité et à forte intensité de main-d’œuvre comme la construction, le commerce et l’hôtellerie, contribuant à environ un point de pourcentage à la croissance de l’emploi en 2024.

Un autre facteur est à prendre en compte : la baisse des salaires réels après la guerre en Ukraine a rendu le travail moins coûteux par rapport aux autres facteurs de production. Par conséquent, la croissance de l’emploi a dépassé celle de la production et la productivité a chuté plus fortement que dans le reste de la zone euro.

Depuis 2024, la situation s’est légèrement améliorée. L’inflation s’est stabilisée et de nombreuses conventions collectives ont été renouvelées. Ainsi, les salaires augmentent désormais plus vite que les prix, ce qui améliore le revenu réel—mais sans compenser les pertes des années précédentes.

La prudence des ménages est toujours présente. Dans un contexte d’incertitudes mondiales, le taux d’épargne s’établissait à 12 % au T1 2025, contre 11 % entre 2015 et 2019. Même avec un meilleur pouvoir d’achat et un accès facilité au crédit, les Italiens restent prudents dans leurs dépenses.

 

Renforcement des finances publiques et réduction du déficit budgétaire

Malgré une faible croissance, l’Italie a réussi à stabiliser ses finances publiques. Grâce à des réductions de dépenses et à une hausse des recettes, le déficit budgétaire a chuté à 3,4 % du PIB en 2024 – soit plus de moitié. La situation politique plus stable depuis l’élection de Giorgia Meloni en 2022 a également renforcé la confiance des marchés.

À la suite de ces évolutions, les rendements et écarts des obligations d’État à 10 ans ont nettement diminué. Depuis leur pic de 5 % en 2023, ils se sont établis à environ 3,6 % début septembre 2025.

Le facteur principal a été la fin du Superbonus et la suppression des aides liées à la pandémie et à l’énergie. Fin 2023, un dernier rush s’est produit, car le taux de couverture du bonus, abaissé de 110 % à 90 %, allait chuter à 70 %.

Le déficit a ainsi atteint de manière inattendue 7,2 % du PIB en 2023, soit environ 76 milliards d’euros. Paradoxalement, cet développement inattendu a contribué à contenir rapidement la crise en 2024.

Les investissements ont chuté, passant de 9,2 % du PIB en 2023 à seulement 5,4 % en 2024. Par ailleurs, un ajustement comptable validé par Eurostat a modifié la manière de présenter les résultats : les crédits d’impôt sont désormais déduits des recettes plutôt que comptabilisés comme dépenses immédiates.

Les recettes fiscales ont également fortement augmenté. Grâce à un marché du travail robuste, les impôts directs ont progressé de 6,6 % par an. Le ratio fiscal est passé de 41,4 % en 2023 à 42,6 % en 2024.

À long terme, les problèmes persistent néanmoins. Le recul démographique et la faible croissance de la productivité en Italie continuent de peser sur les perspectives économiques et financières.

 

Sécurisez vos activités  en Italie grâce à une couverture globale

Bien que l’Italie soit confrontée à un contexte économique difficile, elle reste un acteur essentiel du commerce extérieur de la Suisse. Les échanges commerciaux s’élèvent à près de 50 milliards de francs suisses – 24 milliards d’exportations et 26 milliards d’importations. Depuis 2021, les exportations suisses vers l’Italie ont pratiquement doublé. Et rien qu’en 2023 elles ont progressé de plus d’un tiers.

Mais la prudence s’impose. La montée des risques de crédit et la hausse des faillites rappellent une évidence : les entreprises suisses doivent se doter d’une protection fiable pour leurs échanges avec l’Italie.

C’est ici que Coface entre en jeu. Reconnue comme l’un des leaders mondiaux de son secteur, l’entreprise propose propose aux sociétés suisses des solutions complètes – allant des informations commerciales à l’assurance-crédit, en passant par les services liés aux projets et au recouvrement.

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