Panama

Amérique du Sud

PIB / Habitant ($)
18725,7 $
Population (en 2021)
4,5 Millions

Evaluation

Risque Pays
B
Climat des affaires
A4
Précédemment
B
Précédemment
A4

suggestions

Résumé

Points forts

  • Canal interocéanique et infrastructures connexes (ports, aéroports, routes, chemins de fer) (5% du commerce maritime mondial)
  • Pavillon de complaisance (16% de la capacité mondiale de chargement enregistrée au Panama)
  • Zone franche de Colón, deuxième plus grande plate-forme d'import-export au monde
  • Système monétaire et financier dollarisé, facilitant l’accès aux marchés de capitaux
  • Centre bancaire et financier régional servi par un solide réseau de télécommunications et la sortie de la liste « grise » de l’UE
  • Potentiel touristique

Points faibles

  • Fortement exposé à la conjoncture économique nord et sud-américaine via le trafic du Canal (5,5% du PIB) et l’activité financière ; dépendance aux importations de produits manufacturés, agricoles et pétroliers
  • Sous-performance chronique des recettes fiscales (7% du PIB), due à la fraude, aux exemptions et aux faibles taux d’imposition, par ailleurs très sollicitées par le service de la dette
  • Lacunes en matière d'éducation et de formation professionnelle
  • Grandes disparités socio-économiques entre la zone du canal et le reste du pays, et les territoires indigènes (comarcas)
  • En l’absence de banque centrale domestique, politique monétaire tributaire de la Réserve Fédérale américaine
  • Opération du Canal de Panama fortement exposée aux effets du changement climatique (sécheresse, hausse du niveau de la mer)
  • Corruption, favoritisme et clientélisme
  • Taux élevés de chômage (9.5%) et d’informalité (49,3%)
  • Utilisation de navires sous le pavillon panaméen pour la desserte de pays sous sanctions

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Chine
39%
Europe
14%
Japon
13%
Corée du Sud
7%
Inde
5%

Import des biens en % du total

États-Unis d'Amérique 19 %
19%
Chine 12 %
12%
Europe 8 %
8%
Mexique 4 %
4%
Costa Rica 3 %
3%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Croissance exposée aux incertitudes du commerce mondial

En 2025, la croissance a rebondi grâce à la dissipation de l’effet de l’arrêt de l’exploitation de la mine Cobre Panama fin 2023 et au dynamisme du secteur des transports lors du premier semestre. Les recettes de péage du Canal ont progressé à la suite de la levée des restrictions de transit, imposées face aux graves sécheresses de 2023-2024, mais aussi du fait de l’anticipation des droits de douane étasuniens.

En 2026, le trafic du Canal pourrait ralentir sous l’effet d’un ralentissement américain et du niveau élevé des stocks accumulés. Par ailleurs, les services financiers et commerciaux servant la région, favorisés par la position géographique stratégique du pays, resteront des piliers de la croissance. La hausse du crédit restera soutenue, dans un contexte d’inflation modérée. La construction bénéficiera des projets d’infrastructures majeures, en partie financés par des partenaires étrangers, tels que l’extension de la ligne 3 du métro (incluant un tunnel sous le Canal), la réhabilitation des routes rurales et la construction d’un quatrième pont sur le Canal. De plus, en juillet 2025, l’Autorité du Canal de Panama a annoncé un vaste plan d’investissement de 8,5 milliards de dollars sur dix ans, consacré à la construction d’une conduite de gaz de pétrole liquéfié de 80km, la création de deux nouveaux terminaux portuaires et d’un nouveau réservoir d’eau sur le Río Indio. Ces travaux pourraient débuter en 2027. Le financement s’appuiera sur des ressources internes à l’ACP, des partenariats public-privés et des prêts concessionnels multilatéraux. Cependant, une réouverture de la mine de Cobre Panama est improbable. Fin 2023, la Cour suprême a jugé inconstitutionnel le renouvellement de la concession signé avec First Quantum Minerals (FQM) pour l’exploitation de cette mine, qui contribuait pour environ 5 % au PIB et 75 % des exportations de biens du pays. En mai 2025, les autorités ont approuvé un plan autorisant le maintien en l’état de la mine financé par l'exportation de plus de 120 000 tonnes de concentré de cuivre stocké (300 millions d’USD, 0,3% du PIB). Cela fait suite à l’annonce de la suspension de la procédure d’arbitrage contre le Panama par FQM, ouvrant la voie à des négociations. Toutefois, l’absence de consensus politique et l’opposition populaire devraient empêcher sa réouverture. Le président Mulino cherchera à éviter l’émergence de nouvelles manifestations, comme celles massives de 2023, ou de grèves comme celle de 2025 lancée par les ouvriers du bâtiment, les enseignants et les cueilleurs de bananes. Elle a paralysé 90% de l’activité dans le bâtiment, suspendu l’enseignement public et entraîné l’arrêt des activités de la société bananière étasunienne Chiquita Brands. Les revendications portaient principalement sur la réforme du système des retraites, mais aussi sur l’accord bilatéral de coopération sécuritaire avec les États-Unis et la possible réouverture de la mine.

La consommation publique restera limitée par les efforts d’assainissement budgétaire en cours. A l’inverse, la consommation privée (+4% espéré en 2026) devrait être stimulée par la reprise de l’assouplissement monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed), l’économie panaméenne étant dollarisée. L’inflation augmentera légèrement, tout en demeurant structurellement modérée.

Fragile assainissement budgétaire

En 2025, le déficit budgétaire s’est réduit significativement, après son fort creusement de 2024 lié à des facteurs exceptionnels : le règlement des arriérés de paiement (0,8 % du PIB), les dérapages liés aux élections, la baisse des recettes du Canal due à la sècheresse (0,3 % du PIB), ainsi que la perte de revenus miniers consécutive à la fermeture de la mine de Cobre.

En 2026, l’amortissement de la dette nécessitera 2,1 milliards de dollars supplémentaires par rapport à 2025, et le paiement des intérêts 469 millions de dollars additionnels, pour des totaux respectivement de plus de 8 milliards et de 3,7 milliards de dollars. Le besoin de financement brut s’élèvera ainsi à 9% du PIB. Malgré cette pression croissante, le déficit devrait légèrement se réduire grâce à la poursuite de l’assainissement budgétaire. Le gouvernement mise sur une amélioration de la collecte fiscale via le renforcement des dispositifs de contrôle, et non par l’implémentation de nouvelles taxes et de hausses de taux. Il bénéficiera également des recettes provenant du Canal, sous forme de redevances et de dividendes (17% des recettes, soient 3% du PIB). Elles devraient progresser de 14%, malgré une baisse attendue des péages de 7%. Le gouvernement maintiendra un contrôle strict des dépenses de fonctionnement. Cependant, l’augmentation automatique des salaires des fonctionnaires, ainsi que l’abondement au régime des retraites, limiteront la flexibilité. En outre, le plan d’assainissement budgétaire pourrait être freiné par les défis politiques, le parti présidentiel Realizando Metas (RM) ne détenant que 15 sièges (sur 71) dans une Assemblée nationale fragmentée, et par la pression populaire. La réforme du régime des retraites promulguée en 2025, visant à combler le déficit massif du système en remplaçant le modèle de solidarité intergénérationnelle, à prestations définies, par un système de comptes individuels pour les nouveaux cotisants, a déclenché une grève nationale. Cette réforme, qui doit augmenter les recettes publiques d’1 point de PIB via l’augmentation des cotisations patronales de 4,25% à 7,25%, a été dénoncée par les syndicats comme une privatisation du système social. Le gouvernement pourra financer son déficit budgétaire sur le marché des capitaux. Le Panama dispose de conditions d’accès aux marchés internationaux avantageuses, favorisées par la dollarisation de son économie. Sauf nouvelle dégradation de la note souveraine par les agences, elles devraient s’améliorer, en 2026, grâce à l’assouplissement monétaire des Etats-Unis. La dette publique à 85% extérieure, et détenue à 72% par des créanciers commerciaux étrangers, se stabilisera.

En 2026, le solde de la balance courante pourrait se dégrader de nouveau. Une réduction du commerce mondial risque de réduire les recettes tirées du trafic de transit dans le Canal et les réexportations associées. Les échanges de services logistiques pourraient également être affectés par les tensions commerciales mondiales. Toutefois, la balance des services bénéficie d’un excédent structurel (15,5% du PIB en 2026) principalement porté par le transport et le tourisme. Le déficit commercial structurel s’aggravera (-10% du PIB), d’autant que la demande de biens d’équipements importés augmentera en raison des grands projets d’infrastructure. Le déficit des revenus primaires restera alimenté par le rapatriement de leurs dividendes et intérêts par les investisseurs étrangers. Le Panama continuera d’attirer un important flux d’IDE permettant de financer largement son déficit courant, particulièrement dans le cadre du vaste plan d’investissement de l’Autorité du Canal de Panama. La position de carrefour logistique, financier, et les zones franches sont propices. 

Le Panama au cœur des tensions sino-américaines

José Raúl Mulino, candidat du parti de centre-droit RM, a remporté l’élection présidentielle uninominale à un tour, en mai 2024, avec 34% des voix, devançant son principal concurrent de dix points. Toutefois, il ne dispose pas d’une majorité à l’Assemblée nationale, largement fragmentée, et marquée par la montée de forces indépendantes et anti-establishment. En 2026, Mulino devra encore composer avec les autres partis et une opinion publique houleuse. Il s’agit, notamment, de satisfaire les exigences des Etats-Unis, tout en préservant la souveraineté du Panama, afin d’éviter d’attiser le mécontentent populaire. Des contestations ont éclaté en 2025 après la signature d’un protocole d’accord de sécurité avec Washington, et une plainte pour inconstitutionnalité a été déposée auprès de la Cour suprême. Cet accord, valable pour trois ans renouvelables, autorise le déploiement des troupes américaines autour du Canal et l’accès à trois installations stratégiques. Il traduit l’influence croissante des Etats-Unis, marquée par leurs pressions accrues sur la souveraineté autour du Canal, la présence d’entreprises chinoises dans l’économie panaméenne et la gestion migratoire. L’accord sur l’expulsion des migrants sans papiers depuis les Etats-Unis a ainsi été élargi. Les autorités américaines se réservent le droit d’expulser vers le Panama tous les migrants provenant de pays situés en Amérique du Sud ou d’autres continents, car ceux-ci sont réputés être passés par le bouchon de Darién, situé à la frontière avec la Colombie.

Aussi, le Panama se retrouve au cœur des tensions sino-américaines. Le pays se rapproche de la Maison Blanche, comme en témoignent le non-renouvellement de son adhésion à l’initiative chinoise Belt and Road et l’annonce par les Etats-Unis du remplacement d’équipements de télécommunication chinois sur treize sites panaméens. Toutefois, le Panama ne souhaite pas pour autant froisser Pékin. Le principal point de tension réside dans les négociations sur la vente des activités portuaires du conglomérat hongkongais CK Hutchinson à un consortium dirigé par le gestionnaire d’actifs américain BlackRock pour 22,8 milliards de dollars. Cette opération porte sur un réseau de 43 ports dans le monde, dont les terminaux de Balboa et Cristóbal situés aux extrémités du Canal, exploités par sa filiale Panama Ports Company. Les pourparlers ont été retardés sous les pressions de Pékin, et la période d’exclusivité accordée à BlackRock a expiré. Fin juillet 2025, CK Hutchinston a annoncé son intention d’intégrer un investisseur stratégique chinois au consortium afin de préserver l’influence du pays. Parallèlement, sous pression de Washington, la Cour suprême panaméenne examine la constitutionnalité du renouvellement de concession avec le conglomérat hongkongais, qui pourrait être annulé ou révisé. En juillet 2025, Mulino a également évoqué la possibilité d’un partenariat public-privé pour la gestion des terminaux portuaires.

Dernière mise à jour : août 2025

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