Liban

Moyen-Orient, Asie

PIB / Habitant ($)
4 486,9 $
Population (en 2021)
5,4 Millions

Evaluation

Risque Pays
D
Climat des affaires
D
Précédemment
D
Précédemment
D

suggestions

Résumé

Points forts

  • Formation d'un gouvernement début 2025 après plus de deux ans sous administration intérimaire, ce qui représente une étape cruciale vers la stabilité politique et la reprise économique.
  • Situation géopolitique stratégique au carrefour de trois continents.
  • Possibilité d'obtenir une aide internationale en cas d'engagement du gouvernement en faveur des réformes.
  • Potentiel gazier offshore
  • Capacité à attirer les transferts de fonds de la diaspora (environ 15 à 20 % du PIB), une source cruciale de revenus extérieurs
  • Main-d'œuvre relativement bien formée et multilingue, travaillant souvent dans des secteurs hautement qualifiés tels que la finance, la santé, l'ingénierie et les industries créatives

Points faibles

  • Le pays est en situation de défaut souverain depuis mars 2020, ce qui rend l'accès au financement extérieur problématique, aucun accord n'ayant été conclu avec les créanciers
  • Le système bancaire est en faillite, car il détient 40 % de la dette souveraine, avec des passifs équivalents à trois fois le PIB
  • Forte dépréciation de la livre libanaise depuis 2019, en particulier sur le marché parallèle, entraînant un effondrement du pouvoir d'achat et une forte baisse des revenus réels
  • L'absence d'une base manufacturière diversifiée crée une forte dépendance vis-à-vis des importations, ce qui entraîne une pénurie chronique de devises étrangères qui pèse sur les importations de carburant (coupures de courant fréquentes) et de denrées alimentaires
  • Mauvaise gestion budgétaire et évasion fiscale généralisée, déséquilibre dans la perception des impôts, la plupart des recettes provenant des taxes à la consommation, tandis que l'imposition des bénéfices et des revenus est très faible
  • L'incertitude politique et économique persistante, alimentée par de profondes divisions confessionnelles, sectaires et familiales, ainsi que par la pression des milieux d'affaires, entrave les progrès et freine la mise en œuvre des réformes
  • Environnement commercial fragile, caractérisé par des procédures juridiques défaillantes, un faible niveau d'indépendance judiciaire et une corruption perçue comme élevée
  • Perte d'une partie importante des infrastructures locales après l'explosion du port de Beyrouth en 2020
  • Difficulté à rétablir les flux touristiques en raison des tensions sociales et des problèmes de sécurité qui dissuadent les visiteurs étrangers

Echanges commerciaux

Export des biens en % du total

Émirats arabes unis
20%
Europe
13%
Turquie
9%
Irak
6%
Égypte
5%

Import des biens en % du total

Europe 30 %
30%
Chine 12 %
12%
Suisse 10 %
10%
Turquie 8 %
8%
États-Unis d'Amérique 4 %
4%

Perspectives

Les perspectives économiques mettent en lumière les opportunités et les risques à venir, aidant à anticiper les changements majeurs. Cette analyse est essentielle pour toute entreprise cherchant à s'adapter aux évolutions du marché.

Toujours au bord du précipice

Après avoir reculé de 7,5 % en 2024, ce qui a porté la baisse cumulée du PIB depuis 2019 à près de 40 %, l'économie libanaise pourrait connaître une légère reprise, mais devrait continuer à connaître des difficultés jusqu'en 2026 en raison des répercussions négatives des conflits géopolitiques régionaux. Au lendemain de la guerre de 12 jours entre l'Iran et Israël en juin 2025, le risque pour l'économie libanaise est élevé, principalement en raison de la fragilité du cessez-le-feu entre Israël et l'Iran et des préoccupations sécuritaires que cela engendre. Une reprise des hostilités constituerait une menace grave pour l'économie fragile du Liban, compte tenu de l'implication du Hezbollah et de l'exposition géographique du pays. À l'inverse, si le gouvernement libanais parvient à désarmer le Hezbollah avant les élections prévues en mai 2026, comme le demandent les États-Unis, les pays du Golfe et d'autres acteurs occidentaux, l'amélioration des conditions de sécurité pourrait soutenir les perspectives de croissance. Si le conflit s'intensifie et que le désarmement échoue, il existe un risque de nouveaux dommages matériels aux infrastructures, principalement dans le sud du Liban. Cela pourrait entraîner de nouveaux déplacements importants de population et un nouveau déclin de l'activité économique dans divers secteurs, notamment le tourisme, le commerce et la vente au détail.

Les conditions financières devraient rester précaires, avec une inflation annuelle oscillant autour de 14 % en mai 2025, en baisse par rapport aux sommets atteints pendant la crise (environ 220 % en 2023), mais continuant à éroder les revenus réels. La livre libanaise s'est stabilisée autour de 89 500-90 000 pour 1 USD depuis juillet 2023 sur le marché parallèle (contre 111 000 en mars 2023), bien que l'accès aux dollars reste limité, même si les limites de retrait ont été relevées. Les réserves de devises étrangères sont limitées (elles s'élevaient à 11 milliards de dollars à la fin juin 2025, malgré une augmentation de 2,75 milliards de dollars depuis juillet 2023), et la stabilisation monétaire a davantage reposé sur la restriction des liquidités locales que sur la reconstitution des réserves. Malgré la suspension du service de la dette publique, estimée à environ 150 % du PIB, le pays continue d'afficher un déficit budgétaire important. Par ailleurs, les efforts visant à relancer le tourisme, qui représentait historiquement 20 % du PIB, ont porté leurs fruits, en particulier après la levée des interdictions de voyager par le Koweït et les Émirats arabes unis en mai 2025, mais le secteur reste vulnérable à une reprise des hostilités. Le Liban doit également faire face à des dommages liés au conflit estimés à 14 milliards de dollars, et les besoins de reconstruction pour 2025-2026 dépassent 11 milliards de dollars. Il est essentiel de noter que toute escalade des tensions retarderait les réformes systémiques exigées par le FMI et d'autres partenaires, dissuaderait les investissements et prolongerait l'inflation élevée, le chômage et la stagnation économique jusqu'en 2026 et au-delà.

En 2025, les États-Unis ont instauré un droit de douane de 10 % sur les importations en provenance du Liban dans le cadre d'une révision générale de leur politique commerciale mondiale. Si cette mesure entraînera une légère augmentation du coût des exportations vers les États-Unis, son impact global sur l'économie libanaise devrait être minime. Les exportations libanaises vers les États-Unis représentent moins de 1 % du PIB et sont principalement constituées de produits de niche, souvent destinés à la diaspora, tels que les produits alimentaires transformés, les textiles et les produits artisanaux. Ces exportations ne sont pas très sensibles aux variations de prix et la demande ne devrait pas baisser de manière significative. En ce qui concerne les perspectives économiques générales, les droits de douane devraient avoir un impact négligeable sur la croissance et la balance commerciale. Si les prix mondiaux du pétrole venaient à baisser, cela pourrait se traduire par un avantage indirect pour le Liban sous la forme d'une réduction de la facture énergétique. Toutefois, la viabilité de ce scénario dépendra des conditions prévalant sur les marchés. Dans l'ensemble, cette mesure est plutôt symbolique et ne représente pas une menace sérieuse pour le secteur extérieur déjà contraint du Liban.

Déficits jumeaux et dette publique insoutenables

Le déficit courant restera important (environ 15 % du PIB), principalement en raison de faiblesses structurelles, de distorsions liées à la crise et de chocs externes. La balance commerciale du pays est toujours fortement déficitaire, les importations dépassant largement les exportations. Cela s'explique par la dépendance du pays à l'égard des produits étrangers, tels que les carburants, les denrées alimentaires et les produits de consommation. Les exportations resteront limitées, car le pays se caractérise par une base étroite et peu compétitive, en raison de la faiblesse des infrastructures, de la capacité industrielle limitée et de l'instabilité politique chronique. Bien que la monnaie se soit considérablement dépréciée, cela ne s'est pas traduit par une amélioration des performances à l'exportation, car la capacité de production s'est effondrée et les importations essentielles restent inélastiques. Les sources traditionnelles utilisées pour financer ce déficit, telles que les envois de fonds, le tourisme, les entrées de capitaux provenant de la diaspora et les financements accordés par des partenaires multilatéraux et bilatéraux, tels que les États du Golfe, ont considérablement diminué depuis la crise financière de 2019 et le défaut souverain qui a suivi. L'absence d'investissements étrangers et de soutien des bailleurs de fonds, exacerbée par l'impasse politique et l'intensification des menaces régionales, a encore restreint le financement extérieur.

En mars 2025, le nouveau gouvernement libanais a adopté le budget de l'État pour l'année par décret ministériel, une mesure considérée comme nécessaire pour rétablir le contrôle budgétaire après des années d'impasse institutionnelle. Le budget prévoit un déficit relativement faible d'environ 1,1 % du PIB (soit environ 196 millions de dollars américains sur la base de recettes prévues de 4,6 milliards de dollars américains et de dépenses totales de 4,8 milliards de dollars américains). Cet écart modeste reflète une augmentation significative des recettes fiscales, soutenue par une application plus stricte de la législation et une hausse des recettes fiscales, notamment des gains notables en matière de TVA et d'impôt sur le revenu. Les dépenses ont également été maîtrisées, reflétant les efforts visant à contenir les dépenses publiques. Cependant, le budget exclut les coûts liés à la reconstruction après le conflit (avec Israël) et à d'autres besoins d'urgence, et il a été critiqué pour son manque de stratégie d'investissement tournée vers l'avenir, en particulier dans les infrastructures. Les perspectives pour 2026 dépendront en grande partie de la capacité du gouvernement à mettre en œuvre des changements structurels, tels que l'amélioration du respect des obligations fiscales, la réforme de la masse salariale du secteur public et l'élargissement de l'assiette fiscale, tout en obtenant le soutien des bailleurs de fonds internationaux et du FMI. Sans progrès sur ces fronts, le Liban risque de voir son déficit se creuser à nouveau et ses difficultés budgétaires se prolonger.

La fragmentation de la scène politique pèsera sur les réformes

Les perspectives politiques du Liban sont prudemment optimistes, mais restent fragiles. Après treize tentatives infructueuses, le Parlement a élu Joseph Aoun comme 14e président du pays, qui a à son tour désigné Nawaf Salam comme Premier ministre. La formation d'un nouveau gouvernement a mis fin à un vide institutionnel prolongé et marqué le retour au fonctionnement normal de l'État. Cette administration a commencé à renouer avec le FMI, à engager certaines réformes juridiques dans le domaine bancaire et des finances publiques, et à prendre des mesures pour répondre aux préoccupations internationales. Toutefois, l'environnement politique est loin d'être stable. De profondes divisions persistent au sein de l'élite politique, et l'influence continue du Hezbollah sur la sécurité et la prise de décision reste un point de friction majeur pour les donateurs occidentaux et du Golfe, limitant la portée d'un soutien financier à grande échelle.

La situation sécuritaire dans le sud du pays (mais pas uniquement) reste l'un des éléments les plus instables du paysage politique et économique du pays, malgré les efforts récents visant à apaiser les tensions. Bien qu'un cessez-le-feu ait été conclu entre le Hezbollah et Israël en novembre 2024 sous la médiation des États-Unis, des affrontements sporadiques se poursuivent et le risque d'une nouvelle escalade reste élevé. Sous la pression des États-Unis, le gouvernement libanais cherche à désarmer le Hezbollah. Cependant, le groupe a refusé de le faire tant qu'Israël ne mettra pas fin à ses attaques, ce qui semble impossible.

La capacité du gouvernement à mener à bien des réformes significatives, à restaurer la confiance du public et à préparer les élections législatives de 2026 sera déterminante. Si les progrès se poursuivent, le Liban pourrait commencer à rétablir sa crédibilité internationale et à jeter les bases d'une reprise à plus long terme. Dans le cas contraire, il risque de retomber dans la paralysie et d'aggraver son déclin économique et institutionnel.

Dernière mise à jour : août 2025

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