Etudes économiques
Bois

Bois

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Asie-Pacifique
Europe centrale et de l'est
Amérique Latine
Moy-Orient & Turquie
Amérique du Nord
Europe de l'Ouest
Changer de secteur

Forces

  • Intérêt grandissant pour la biomasse énergie contribuant à soutenir la demande de bois
  • Demande croissante émanant des pays émergents
  • Matériau valorisé dans le cadre de l’essor des constructions « durables », visant à limiter les risques environnementaux

Faiblesses

  • Dépendant des secteurs de la construction et du papier
  • Efforts d’adaptation des acteurs du secteur à une réglementation plus stricte de l’exploitation du bois pour préserver les forêts
  • Secteur fortement exposé aux aléas climatiques et aux tensions commerciales en cours

Appréciation du risque

Synthèse de l’appréciation du risque

Le secteur du bois est très dépendant du secteur de la construction, ce dernier utilisant de grandes quantités de bois comme intrants. La pandémie de la COVID-19 avait fortement impacté le secteur de la construction suite à l’arrêt brutal des chantiers. Ainsi, la reprise économique globale (+5,6% et +4,4% de croissance mondiale en 2021 et 2022 selon Coface), accompagnée d’une reprise des chantiers privés et de la construction d’infrastructures publiques tirée par les plans de relance, ont entrainé une explosion de la demande de bois, menaçant alors le secteur d’une pénurie. Cela a donc conduit à une hausse sans précédent des prix du matériau (+377% en mai 2021 sur un an), avant de finalement se stabiliser en fin d’année 2021 et en 2022. Le bois est également très dépendant du secteur du papier qui bénéficie d’une forte augmentation de la demande au niveau du segment du papier d’emballage (packaging), due à la montée du e-commerce. Cela avait bénéficié au secteur du bois pendant la crise de la COVID-19 mais pourrait renforcer les tensions inflationnistes dans l’industrie.

 
Enfin, le secteur fait toujours face à de profondes transformations. En effet, l’activité de l’industrie du bois continue de pâtir des tensions protectionnistes, notamment les droits de douane imposés par les États-Unis sur le bois d’œuvre canadien depuis 2017 (après un apaisement ponctuel des tensions entre ces deux pays qui avaient fait passer les droits de douanes de 20,2 % à 8,9 % fin 2020, les États-Unis souhaitent à nouveau les augmenter à 18,3%), et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis qui se sont respectivement imposés des droits de douane de 25 % sur les importations de bois et de produits à base de bois. Au niveau mondial, les acteurs font face à un environnement règlementaire de plus en plus contraignant, en raison des problématiques environnementales et des mesures prises par les gouvernements, visant la préservation des forêts.

 

Notes de lecture

Pulpe de bois : pâte à papier ; pâte destinée à la fabrication du papier et du carton

 

BOIS D’OEUVRE, INDICE DE PRIX (1982 = 100)
COFA_GDR_2022_Graph1_Bois_FR
Analyse approfondie du secteur
Un secteur, dont les difficultés s’étaient accentuées en raison de la crise liée à la COVID-19, en pleine explosion tiré par la demande mondiale

Le secteur du bois avait pâti du ralentissement économique mondial avant puis pendant la crise de la COVID‑19. La baisse de la demande et sa dépendance aux secteurs de la construction et du papier, eux‑ mêmes impactés par le ralentissement économique en cours à ce moment‑là, l’avait fragilisé. Depuis, le secteur a connu un rebond exceptionnel, grâce à la reprise de la construction, à tel point qu’il connait une pénurie qui a fait exploser le prix du matériau.

 
La crise sanitaire avait fortement impacté le secteur de la construction, principal client du secteur du bois. Depuis la reprise globale de l’économie, tirée par l’Asie et les États-Unis, les chantiers ont repris après un arrêt soudain de plusieurs mois. Au début de la pandémie, la demande de bois était légèrement en baisse, les stocks des usines ont donc été réduits. Certaines entreprises avaient même arrêté leur production pendant quelques mois. Le retour des projets de rénovation et de construction publics et privés ont permis la reprise de l’activité et le rebond du secteur. Ainsi, le secteur de la construction a connu une croissance de 5,2 % en 2021, selon GlobalData. Cela a mené à une explosion de la demande de bois qui a induit des décalages dans les livraisons, une pénurie, et surtout une envolée des prix. Cela est d’autant plus compliqué que les contrats dans le secteur de la construction sont souvent signés des mois avant le début des travaux. La situation inquiète alors les clients et acteurs du secteur qui font face à de longues attentes avant de recevoir leur commande de bois. Néanmoins, en 2022 le secteur de la construction stagnera, notamment en Chine qui connait dès fin 2021 une fin de l’engouement pour le secteur immobilier.

 
Le secteur du bois est également dépendant du secteur du papier. Ce dernier a bénéficié d’une forte demande, en ce qui concerne le segment du papier d’emballage grâce à l’intensification de l’activité du e‑commerce, en raison de la crise de mobilité entrainée par la COVID‑19 et la nécessité de limiter les contacts physiques. Ce dernier développement et l’accroissement de la demande pour le papier d’emballage a ainsi stimulé la demande du bois. Ainsi, après avoir subi une diminution en 2019 puis une stabilisation en 2020, la pulpe de bois* a vu son cours exploser en 2021. En effet, l’indice des prix du bois de la FED de Saint Louis a augmenté de 107% sur un an en aout 2021. Il devrait se stabiliser en 2022.

 
Le manque de moyens de transport pour acheminer le bois des scieries aux négociants joue également un rôle dans la hausse des prix du bois. La pandémie a réduit le nombre de chauffeurs et a eu un impact sur le transport ferroviaire, ce qui a rendu difficile pour les scieries d'expédier le bois aux négociants.

 

Une tendance généralisée de hausses des prix et de pénurie dans le secteur 

En Europe, le secteur est impacté par les tensions entre les États-Unis et le Canada. En effet, les Américains, en désaccord commercial avec leur fournisseur traditionnel canadien, n’ont pas hésité à acquérir au prix fort des grumes européennes. Ainsi, 9000 entreprises européennes de bois ont signé une pétition contre les exportations massives de grumes dans les pays extra-européens. Pour des pays comme la France et l’Allemagne, la demande a tant augmenté qu’elle a provoqué une quasi-pénurie et des retards d’approvisionnements dans la filière. 

 

En ce qui le concerne, le Japon a été fortement affecté par cette hausse des prix, en tant que principal importateur. Le Japon est pourtant un cas particulier car bien que son territoire soit couvert à 70% par des forêts, il est un des plus grands importateurs de bois du monde, venant des États‑Unis et du Chili. Les importations japonaises de bois ont fortement reprise depuis la crise sanitaire, contribuant aussi à la hausse de prix du matériau. L’industrie nationale cherche alors à créer une demande pour le bois japonais.

 
En Chine, une grande partie de la demande du secteur provient du marché de l’immobilier qui a fortement rebondi depuis 2021. Le Bureau national des statistiques chinoise a annoncé qu'entre janvier et mai 2021, les investissements immobiliers ont augmenté de 18,3 % par rapport à l'année précédente et étaient 17,9 % plus élevés que de janvier à mai 2019. Par conséquent, le secteur du bois est en pleine croissance et la Chine augmente au fur et à mesure ses surfaces de production, mais également ses importations. Néanmoins, la baisse de la demande dans le secteur de l’immobilier devrait stabiliser la demande dans le secteur de la construction. Enfin, la Chine bénéficie très largement de la reprise mondiale, notamment concernant la demande pour les meubles en bois, et a augmenté de 125% ses exportations pour ces produits envers les États-Unis au T1 2021.

 
Sur le continent américain, la reprise de la demande de bois se fait sentir dans tous les pays, qu’ils soient consommateurs ou producteurs. En Amérique du Nord, le projet d’une nouvelle hausse des droits de douane sur le bois en provenance du Canada vers les États-Unis (qui représente 30% du bois consommés aux États-Unis), et ce malgré l’explosion des prix, tend les relations entre les deux pays. Cela intervient dans un contexte de forte demande et de quasi-pénurie pour le matériau, tirée par la reprise générale et plus particulièrement dans le secteur de la construction mais également de la consommation pour les produits d’ameublement en bois. Cela conduit les grandes scieries canadiennes et nord-américaines à envisager de nouveaux investissements pour répondre à cette forte demande. En juillet, l'indice de la production industrielle de produits en bois aux États-Unis a atteint 219,8 (+56% sur un an). L’Amérique latine bénéficie également de la forte demande de bois. En Argentine, le secteur du bois s’engage à une augmentation des salaires pour ses employés en 2021 (+44%). Aussi, les revenus liés à la vente de meubles ont augmenté de 24,5% en 2021 en Argentine et de 20,2% au Brésil.

 

Les transformations en cours dans le secteur devraient se poursuivre

Le secteur reste impacté à ce stade, par l’environnement protectionniste, notamment marqué par les tensions commerciales entre La Chine et les États‑Unis, qui se sont respectivement imposés des droits de douane de 25 % sur les importations de bois et de produits à base de bois. Le secteur du bois américain avait été particulièrement touché, 60 % de ses exportations étant à destination de la Chine. Entre 2017 et 2018, les exportations américaines de bois vers la Chine ont ainsi chuté de 1,7 milliard USD à 1 milliard USD, principalement à cause d’une baisse de bois dur, représentant la plus grande part des exportations américaines de bois vers la Chine. La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine s'est intensifiée et les tensions entre les deux pays ont augmenté. Cela devrait encore avoir un impact négatif sur le secteur du bois en 2022.

 

Un secteur très sensible aux risques écologiques

Des incendies dans des forêts d’exploitation, particulièrement ravageurs à l’Ouest des États-Unis et au Canada ont menacé une partie de l’approvisionnement en bois du continent. Des producteurs de bois ont alors réduit la production des usines, les incendies ayant mis en péril les chaines d’approvisionnement et les transports de matériau.

 
Pourtant, le bois, considéré comme un matériau qui pourrait répondre aux objectifs de développement durable, est de plus en plus utilisé en Europe, notamment dans la construction de charpentes, afin de remplacer l’acier. De plus, les entreprises forestières sont exposées à des facteurs environnementaux qui pourraient affecter l'approvisionnement en bois. C’est pourquoi, les investisseurs du secteur forestier doivent à présent prendre en compte une série de questions ESG dans leurs stratégies d’investissement, telle que la préservation de la biodiversité ou encore les relations avec les collectivités locales.

 

Enfin, à l’occasion de la COP26, la question de la déforestation était au centre des conversations. Ainsi, les dirigeants d'une centaine de pays se sont engagés à stopper la déforestation d'ici à 2030 pour protéger le climat. Cette déclaration commune sera adoptée par plus de cent pays abritant 85 % des forêts mondiales. La Commission européenne prépare de son côté, un projet de loi visant à restreindre l’importation de produits qui participent à la destruction des forêts dans leurs pays d’origine. Cela pourrait alors avoir un impact sur l’approvisionnement et la quantité de bois vendue.

 

Dernière mise à jour : février 2022

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