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11/10/2012
Risque pays et études économiques

France-Allemagne: analyse comparée des défaillances d’entreprises

France-Allemagne: analyse comparée des défaillances d’entreprises

LES ENTREPRISES ALLEMANDES PLUS RÉSISTANTES QUE LES FRANÇAISES. JUSQU’À QUAND ? 

  • Taux de défaillances des entreprises françaises près de deux fois plus élevé que celui des entreprises allemandes
  • Forte capacité de résistance des entreprises allemandes, grâce notamment à leur robustesse financière
  • Coût des défaillances plus important en Allemagne qu’en France 

La tendance inquiétante observée à l’automne 2012 sur le front des défaillances d’entreprises en France a incité les économistes de Coface à s’interroger sur les raisons expliquant la résistance des entreprises allemandes à la crise.

 

POURQUOI MOINS DE DÉFAILLANCES D’ENTREPRISES EN ALLEMAGNE ? 

Depuis 2005, les courbes de défaillances d’entreprises en France et en Allemagne suivent des trajectoires diamétralement opposées. Le différentiel s’élève à presque 40% sur l’ensemble de l’année 2011, avec 30 099 défaillances d’entreprises contre 50 485 pour la France. La performance allemande tient, pour partie, à la solidité de son tissu entrepreneurial : des entreprises en moyenne plus grosses qu’en France et donc moins exposées au risque de défaut. Trois autres facteurs principaux justifient le différentiel entre les deux pays : 

  • Une bonne santé financière des entreprises allemandes, entretenue par une rentabilité élevée grâce à la modération des coûts et une stratégie de montée en gamme. 
  • Un financement des entreprises allemandes (voir graphique 1) qui résiste bien en période de difficultés financières, dû à un tissu bancaire de proximité, incarné par les caisses d’épargne et les coopératives de crédit. Celles-ci, très ancrées localement, ont des relations privilégiées avec les entreprises et la stabilité de leurs financements permet de compenser la contraction des encours de crédit des banques commerciales et nationales. 
  • Un droit des faillites incitatif Outre-Rhin, encourageant une gestion prudente de l’entreprise en amont. 

 

Graphique 1 : situation financières des entreprises en France et en Allemagne (2000-2011)

  Allemagne France
  2000 2011 2000 2011
Profit (% of GDP) 7.0% 10.3% 8.7% 6.8%
Taux d'autofinancement 60% 107% 85% 67%
Dettes (% du PIB) 67% 77% 83% 103%
Taux de marge brute (EBE/VA) 44% 49% 31% 30%

 

 

UN CONSTAT : LE COÛT DES DÉFAILLANCES EST PLUS ÉLEVÉ EN ALLEMAGNE QU’EN FRANCE

Les défaillances d’entreprises sont plus coûteuses Outre-Rhin. En 2011, leur coût total (*) a, en effet, atteint 20 milliards d’euros contre 14,3 milliards en France. En outre, le coût moyen d’une défaillance a été depuis 2006 trois fois plus élevé en Allemagne, à 700 000 euros constants, contre 200 000 en France. 
Ce constat demeure toutefois à relativiser. En termes relatifs, le différentiel entre les deux pays est sensiblement moins marqué : le coût des défaillances représente en effet 0,8% du PIB en France contre 1,1% en Allemagne (voir graphique 2). Par ailleurs, si le coût moyen d’une défaillance est moindre en France, c’est aussi parce que les entreprises françaises sont en moyenne de plus petite taille que leurs homologues d’Outre-Rhin : en 2007, les sociétés de 10 à 249 salariés représentaient en effet 17,8% du total des entreprises en Allemagne, contre seulement 6% en France. 

(*) Coût des défaillances : cumul de l’encours fournisseur de chaque entreprise défaillante

 

cout

 

LES DÉFAILLANCES EN ALLEMAGNE SONT VULNÉRABLES AUX ALÉAS DU COMMERCE MONDIAL

L’analyse économétrique de Coface révèle que l’évolution des défaillances en Allemagne est très corrélée à celle des exportations et de l’investissement. Alors que les exportations ont montré certains signes de faiblesse cet été et que l’investissement s’est contracté au T2, une reprise à la hausse des défaillances est à surveiller. 
Si l’Allemagne demeure l’une des meilleures élèves en Europe, avec une croissance de 0,9% du PIB attendue en 2012, son économie souffre de la crise. La croissance a ralenti au deuxième trimestre (+0,3% en T/T, contre +0,5% au premier). Et les anticipations de production se sont dégradées cet été. En septembre, l’indice de confiance des entreprises de l’institut de conjoncture allemand IFO a reculé pour le cinquième mois consécutif. 
Un ralentissement marqué du commerce mondial et notamment des pays émergents serait le principal risque pour les entreprises allemandes, très dépendantes de la demande externe. En effet, les exportations représentent aujourd’hui plus de 50% du PIB allemand et, historiquement, les défaillances apparaissent très sensibles à leurs variations.

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