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07/09/2021
Risque pays et études économiques

EAU : des perspectives plus favorables pour 2021 après une année 2020 difficile

Communiqué de presse pour le Focus de Coface sur les perspectives pour les Emirats Arabes Unis après la crise de COVID-19. L'image montre deux hommes d'affaires et une femme d'affaires discutant dans un parc à conteneurs.

L'économie des Emirats Arabes Unis a subi un double choc en 2020 : l'effondrement des prix du pétrole et la pandémie de COVID-19. Selon les 1eres   estimations, l'économie des EAU s'est contractée de 6,1% en 2020. Toutefois, les perspectives sont plus favorables pour 2021. Coface prévoit une croissance de 3,1% grâce à une campagne de vaccination rapide, une forte reprise de l'économie mondiale et au rebond des prix de l'énergie.

L'ampleur de cette reprise variera toutefois selon les secteurs. Nous nous attendons à ce que les performances du tourisme, de la construction et du commerce de détail soient très corrélées aux nouveaux variants du virus. Le COVID sera également déterminant pour le secteur du commerce de détail, l'un des plus diversifiés et des plus développés de la région.

Le secteur du pétrole et du transport bénéficiera de la forte reprise économique mondiale et régionale. En juillet, les Émirats Arabes Unis ont convenu avec le groupe OPEP+ de l’augmentation de la production pétrolière de base. Malgré les difficultés, les perspectives restent positives pour le secteur pétrolier des EAU, dans la lignée de certains projets d'investissement. Par ailleurs, la position des EAU en tant que plaque tournante du commerce régional soutiendra le secteur des transports.

Dans ce contexte, la normalisation des relations entre les Emirats et Israël sera profitable en termes de commerce et d'investissements pour certains secteurs. Des tensions inattendues pourraient apparaître avec l'Arabie saoudite en raison de la concurrence pour obtenir le statut de « hub » régional, mais celles-ci devraient rester limitées à la sphère économique.

« Les EAU sont l'une des économies les plus diversifiées de la région et jouent un rôle important en tant que « hub » commercial régional. Nous nous attendons à ce que la croissance soit soutenue par la hausse des prix du pétrole, la forte campagne de vaccination dans le pays et la reprise des volumes du commerce mondial. Ces facteurs entraîneront une amélioration directe des conditions opérationnelles pour un certain nombre de secteurs tels que le tourisme, l'énergie et le commerce de détail, même si le rythme de la reprise sera variable. L'organisation de l'Exposition universelle aidera le pays à attirer les touristes, ce qui en retour soutiendra le secteur de la construction et l'immobilier. Toutefois, ce dernier aura besoin de plus de temps pour retrouver ses performances d'avant la crise. En effet, le télétravail et le déclin de la population expatriée suite à la crise continueront à faire pression sur les prix de l'immobilier. La volonté des autorités de suivre une discipline budgétaire pèsera également sur les nouveaux projets. L'établissement de nouvelles alliances régionales est devenu plus important pour les EAU étant donné la concurrence croissante de l'Arabie saoudite et du Qatar pour la position de plaque tournante régionale. La normalisation des relations avec Israël devrait offrir des opportunités importantes pour les deux pays en termes de commerce et d'investissements et pour un large éventail de secteurs tels que le tourisme, l'agriculture, la défense et l'énergie », a commenté Seltem İYİGÜN, économiste Moyen-Orient & Turquie à Coface.

Une reprise durable après le COVID ?

À la suite de la guerre sur le prix du pétrole entre l'Arabie saoudite et la Russie en mars 2020, le prix du baril est tombé à 20 USD, contre environ 70 USD au début d'année. Selon les 1eres estimations, l'économie des Émirats Arabes Unis s'est contractée de 6,1 % en 2020, en ligne avec la contraction de l'économie mondiale. L'économie non pétrolière s'est contractée de 6,2 %, avec une baisse de 23,6 % pour l'hébergement et la restauration, de 13 % pour le commerce de gros et de détail et de 10,4 % pour la construction. Toutefois, les perspectives de croissance sont meilleures pour 2021 et devraient atteindre 3,1 % en raison de plusieurs facteurs : l'effet de base, la hausse des prix du pétrole, le fort taux de vaccination (l’un des plus élevés au monde) et la reprise de l'économie mondiale  qui est plus rapide que prévue.

Le 1er impact du déploiement rapide de vaccins et de la levée des restrictions sanitaires se fera sentir dans le secteur du tourisme qui représentait 7 à 8 % du PIB en 2019.

On estime que les arrivées internationales aux EAU se sont effondrées d'environ 70%. Grâce au vaccin, les autorités ont permis aux hôtels de rouvrir leurs portes à pleine capacité. Cela devrait permettre à l'Emirat de maximiser l’impact de l’exposition universelle de Dubaï, un événement très attendu qui durera six mois et devrait débuter en octobre 2021. Environ 35 % du total des arrivées de touristes aux Émirats Arabes Unis proviennent d'Asie-Pacifique, 27 % d'Europe et 26 % du Moyen-Orient. Dès que ces pays rouvriront leurs portes et qu’ils auront vaccinés leurs populations, le tourisme rebondira.

Le retour aux performances d'avant crise ne devrait pas cependant pas être immédiat. Les 12 millions de touristes attendus en 2021 seront inférieurs aux niveaux d'avant la crise, et devraient générer des revenus de 15 milliards d'USD contre 35 milliards d'USD en 2019. La reprise suivra le rythme de la vaccination dans les pays d'origine, des restrictions de voyage et des risques sanitaires qui demeureront persistants dans le monde. Par ailleurs, la décision des autorités fédérales de mettre en œuvre une discipline budgétaire en réduisant les dépenses de 5,3 % en 2021 pèsera sur la réalisation de nouveaux projets dans les secteurs du tourisme et de l'hôtellerie.

Cette discipline budgétaire va ralentir la reprise de l'immobilier et de la construction, qui s'est contractée en 2020. Au 1er trimestre 2021, les prix de vente et les loyers moyens à Dubaï étaient encore en baisse de 5 % et 10 % par rapport à l'année précédente. À Abu Dhabi, les prix de vente moyens semblent s'être stabilisés au 1er trimestre 2021, tandis que les taux de location moyens étaient encore inférieurs de 3,5 % à leur niveau de 2020. Néanmoins, les EAU restent un pôle attractif grâce à leur stabilité politique et à leur environnement favorable aux affaires. Les autorités ont récemment autorisé la propriété étrangère à 100 % des entreprises locales pour encourager les investissements directs étrangers et ont mis en œuvre de nouvelles initiatives concernant les visas pour les expatriés. Cependant, la pandémie de COVID-19 a provoqué un départ massif des professionnels expatriés des EAU.

La vaccination et la reprise des flux touristiques auront un effet positif sur les ventes au détail, mais de façon progressive. Après avoir plongé de 14,3% en 2020, la consommation privée devrait croître de 1,1% en 2021, soutenue par les mesures de relance gouvernementales. Les mesures comprennent un soutien fédéral - par la réduction des taxes, impôts et autres charges sur les entreprises - des garanties de crédit et des remboursements d'impôts. Pour les ménages, le gouvernement a introduit des reports de paiement sur les échéances impayées et les intérêts des prêts et des cartes de crédit, des subventions pour l'eau et l'électricité, ainsi que diverses facilités bancaires.

Les dépenses alimentaires hors alcool devraient augmenter de 3,3 % en 2021 par rapport à 2020. Les équipements ménagers sont un autre segment qui bénéficiera de la reprise : les ventes devraient augmenter de 4,9 % en 2021, après avoir baissé de 9,2 % en 2020. Cette baisse résulte notamment d’un report d’achats importants pendant la pandémie.

Le pétrole et le transport surfent sur la reprise de l'économie et du commerce mondial

La hausse des prix du pétrole contribuera également à la reprise économique des EAU, car celui-ci représente environ 30 % du PIB et 50 % des recettes fiscales. Jusqu'à présent, en 2021, les prix du pétrole ont augmenté de près de 50 % par rapport à fin 2020 pour atteindre 73 USD le baril. Cette tendance s’explique en raison de la hausse de la demande mondiale et de certaines perturbations de l'offre. Les EAU exportent environ 90% de leur pétrole vers l'Asie. La reprise économique au Japon, en Corée du Sud et en Chine, sera donc cruciale pour les recettes d'exportation. Les termes de l'accord OPEP+ conclu en avril 2020 - visant à réduire une partie de la production de pétrole pour soutenir les prix du pétrole - pénalisaient significativement les Emirats.

Après une rupture des négociations, les Émirats Arabes Unis et l'Arabie saoudite se sont mis d'accord sur une nouvelle base de production à partir de mai 2022. Ces recettes pétrolières sont nécessaires afin de financer la stratégie de diversification économique et étendre leurs capacités à d'autres segments.

Malgré ces défis à court terme, les perspectives restent positives pour le secteur pétrolier des EAU, dans la lignée de certains projets d'investissement visant à étendre la capacité de production du pays.

La robustesse de la reprise économique dépendra également du rôle de hub régional des EAU. La hausse des volumes du commerce international due à la réouverture des économies et aux efforts mondiaux de vaccination soutiendra le commerce des EAU, qui devrait atteindre 540 Mds USD en 2021 contre 478 Mds USD en 2020. Les hydrocarbures représentent environ 20% du total des recettes d'exportation de marchandises. Les principales marchandises réexportées par le pays étant constituées de produits minéraux, de plastiques, de produits chimiques, de métaux et de véhicules de transport, ces dernières sont particulièrement sensibles aux prix mondiaux des matières premières. La reprise de toutes ces catégories entraînera une augmentation du fret routier. Le fret aérien devrait également croître grâce au renforcement de la demande intérieure, à l'organisation de l'Expo 2020 et au transport de produits de santé d'urgence.

Dans ce nouvel environnement économique, nouer des alliances est devenu crucial pour saisir des opportunités. Il convient donc d'analyser les efforts de normalisation des relations entre les EAU et Israël et les récents désaccords avec l'Arabie saoudite lors des négociations de l'OPEP+.

Opportunités et défis régionaux

En septembre 2020, les Émirats Arabes Unis sont devenus le troisième pays arabe à accepter de normaliser ses relations avec Israël. Cet accord représente des opportunités importantes pour les deux pays en termes de commerce et d'investissements. Pour les EAU, il pourrait s'agir d'une étape clé pour stimuler leurs efforts de diversification. Le tourisme, la défense, l'agriculture et l'énergie en seraient les principaux bénéficiaires. Les importations israéliennes de pétrole brut et d'autres liquides pourraient augmenter de 5,9 % par rapport à l'année précédente. L'accord permettrait aux EAU de prendre une part de cette demande supplémentaire. La normalisation des liens permettrait également aux EAU de bénéficier de la capacité technologique et d'innovation israélienne. En avril 2021, les EAU ont annoncé la structuration d'un fonds d'investissement de 10 milliards de dollars pour investir dans des secteurs stratégiques en Israël, notamment l'énergie, l'eau, la fabrication, l'espace, l'agro-technologie et la santé. Les deux pays ont également signé un accord bilatéral de coopération économique et commerciale en juin. Les autorités ont déclaré que le commerce bilatéral avait atteint 675 millions de dollars dans les dix mois suivant la signature de l'accord de normalisation des relations.

La principale raison du conflit entre les Émirats Arabes Unis et l'Arabie saoudite est en réalité liée à leur volonté de diversifier leurs économies en dehors du pétrole. Actuellement, les EAU détiennent le statut de plaque tournante du commerce régional. En revanche, l'Arabie saoudite, dont l'économie dépend plus fortement du pétrole que les EAU, a mis en œuvre une stratégie visant à transformer le pays pour en faire un centre d'affaires et de commerce. Cette compétition devrait toutefois rester limitée aux domaines économiques car, sur le plan politique, les deux pays devraient continuer à être des alliés, en particulier à une époque marquée par des incertitudes sur la stabilité régionale. Les liens entre les pays du Conseil de Coopération du Golfe et l'administration américaine semblent se refroidir. Par ailleurs, les États-Unis envisagent de revenir sur l'accord nucléaire avec l'Iran, dont ils se sont retirés en 2018. Ces incertitudes devraient empêcher une rupture des liens politiques entre les deux poids lourds de la région.

Cliquez ici pour télécharger l'étude (uniquement disponible en anglais):

 

 

 

 

 

 

 

 

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Julie SOUM

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